{Haruto} Book 3 - Chapitre 8

En un rien de temps, Natsume t'a sauvée !

Après avoir surmonté les épreuves,
vos sentiments l'un pour l'autre vont finalement… !

  

* * * * *

 

" Non… Ne va pas disparaître sous mes yeux. "

" Je t'en prie. "

Avec un bruit mat, une goutte d'eau tombe sur ma joue.

(Qu'est-ce que… ?)

" … "

Il ne verse qu'une larme unique, mais elle contient tous ses sentiments déchirés.

Je le regarde dans les yeux, en murmurant son nom.

Dans le coin de mon œil,
je vois Hatakeyama passer son bras autour d'Okazaki et la pousser vers la porte.

" Laissons-les… "

" Hein ? Mais… "

Avant que je puisse me retourner, la porte se referme sur nous avec un bruit de cliquetis.

(La situation doit être affreuse pour eux…

Mais là, tout de suite, c'est Natsume qui me préoccupe.)

Sans me lâcher, et sans se départir de son expression figée,
il me tient encore, tout tremblant.

Pour le ramener à moi, je noue mes bras dans son dos et lui caresse les omoplates.

(Il y a tant de choses que je veux lui dire,
mais je crois que le silence exprimera mieux ce que je ressens.

Pourtant…)

Je ne lui ai pas encore dit le plus important.

Il faut qu'il me laisse lui dire.

" Tu m'as sauvé la vie. "

Je l'entends retenir son souffle.

Comme s'il prenait conscience de mes mains dans son dos, ses bras me serrent davantage.

Il presse son visage dans le creux de mon épaule.

" Je suis si heureux d'avoir pu te sauver, cette fois.

Je suis heureux que mes mains… que mes jambes aient bougé. "

J'écoute sa voix, tellement rauque qu'elle ne fait presque aucun son.

 

" Je n'ai jamais douté… "

" … de toi. "

" Hein ? "

" Je savais que tu me sauverais. "

 

" Je suis fière de toi. "

" Sérieusement ? Fière de moi ? "

" Enfin, merci. "

 

suite

Et les larmes me montent aux yeux.

Je cligne des yeux, et enfouis mon visage contre la poitrine de Natsume.

J'ignore combien de temps nous restons ainsi.

Natsume finit par me lâcher, et petit à petit, de l'air se forme entre nous.

Même s'il reste une ombre sur son visage,
il lève nonchalamment les yeux et sa raideur semble avoir disparu.

" Je ne t'ai pas montré le meilleur de moi-même. "

" Au contraire. "

" Bien sûr que non !

Un homme ne devrait pas pleurer devant une femme. "

Natsume détourne les yeux de honte.

Je confronte son regard.

" N'importe quoi.

Je suis heureuse de voir tes émotions, Natsume. "

" … "

Il couvre sa main de son front pour ébouriffer ses mèches,
mais un pâle sourire se dessine sur ses lèvres.

" C'est la première fois que je pleure depuis le lycée… "

On dirait qu'il se parle à lui-même.

Il n'y a peut-être aucun sous-entendu à cette phrase,
mais à présent, il semble affronter un souvenir amer.

" Désolée. "

" Ce n'est pas à toi que j'en veux.

Je suis juste pathétique. "

" … "

" Sérieusement, il fallait vraiment en arriver à une telle extrémité pour me tirer de là ?

" Ton traumatisme, tu veux dire ? "

Il hoche la tête, décolle sa main de son front et me regarde d'un air plus calme.

" Le monde des vivants, pas vrai ? "

J'carquille les yeux en l'entendant marmonner.

 

" T-tu as tout entendu !? "

" Bien obligé, vu le boucan que vous faisiez. "

" Heu… C'est vrai. "

 

" O-Oublie ça. "

" Je ne peux pas !

Je n'oublie jamais ce que tu dis. "

 

suite

(Il a tout entendu… C'est si embarrassant…)

J'en pensais chaque mot,
mais c'est autre chose de les assumer face à la personne directement concernée,
et je baisse les yeux, incapable de soutenir son regard.

Mais il détache une main de ma taille, et caresse doucement ma joue.

Sa main est gelée.

" Tu es en vie. "

Son visage est plongé dans la pénombre.

Dans l'obscurité de la cage d'escalier, avec les néons derrière lui, cette fois, j'en suis sûre…

Natsume me sourit, des larmes plein les yeux.

" Oui, je suis en vie. "

" Oui.

Ta joue est toute chaude. "

" C'est de ta faute, ça, Natsume. "

" Vraiment ? "

Il m'interroge d'un ton taquin, mais ma réponse est sérieuse.

" Parce que tu as tes mains posées sur moi. " 

" Et tu as chaud, quand je te touche ? "

" E-Exactement. "

" Ha ha ha. "

Je souris de l'entendre rire, les sourcils levés, et je suis sur le point de fondre en larmes.

(Je dois lui demander…

Natsume, qu'est-ce que tu ressens pour moi ?

Et pourquoi avoir versé cette larme ?)

Mon amour pour lui n'a jamais été aussi fort, et je ferme les yeux tant ça me fait mal.

" Alors, laisse-moi ressentir pleinement que tu es en vie. "

J'ouvre les yeux en entendant sa voix douce, si séduisante.

Me tenant fermement par la taille, il approche son beau visage.

(Oh…)

Puis ses lèvres se pressent contre les miennes.

Je…

 

Je l'aime.

(J'aime Natsume…

Je suis sans défense face à ça.)

J'accepte son baiser et ferme les yeux,
très différemment de la façon dont je l'ai fait il y a une minute.

 

Je m'inquiète qu'on puisse nous voir.

(P-Pas ici…)

C'est notre second baiser…

Je n'y résiste pas.

Mais quand je pense aux gens qui pourraient nous voir depuis les immeubles alentour,
ça m'inquiète trop pour que je puisse me détendre.

 

Je savoure ce baiser.

(C'est notre deuxième baiser.)

C'est le même parfum, la même sensation.

Je ferme les yeux, pour savourer cette vague de nostalgie.

 

suite

Ces derniers temps, je voulais tellement ressentir sa chaleur, c'était insupportable.

Pas sur le plan physique, mais émotionnel.

C'était si dur de sentir cette distance entre nous, et de ne pas pouvoir lui parler.

Mes mains autour de son dos, je me livre à lui corps et âme.

Sa chaleur se répand jusque dans mon cœur si solitaire,
et sa main glisse lentement de ma taille vers…

(Mmmh ?)

Quand je remarque que sa main descend lentement vers ma cuisse,
ma température monte en flèche.

(H-Hein…?)

Maintenant qu'il m'embrasse enfin, je n'ai pas envie de le repousser…

Mais…

" Hé…

Hé, Natsume ! Qu'est-ce qui te prend, tout à coup !? "

Ce n'est pourtant pas un baiser si profond, mais je suis hors d'haleine…

… tandis que Natsume me regarde d'un air égal.

" De quoi tu parles ? "

" ! H-Heu… "

" Ma main sur tes reins, peut-être ? "

" Natsume… Tu es ivre. "

Je sais que non.

Son visage n'est pas rouge, et son haleine ne sent pas l'alcool.

Mais il penche la tête en souriant…

" Complètement. "

Il ment autant que moi.

" … "

Natsume fait peut-être semblant pour qu'on oublie tout ce qui vient de se passer…

L'accident, ses mots, le baiser.

Est-ce qu'il me repousse encore ?

Je n'y comprend plus rien.

(Dans ce cas, je devrais peut-être…)

Le pousser dans ses retranchements.

" Je rentre à la maison. " 

" Non. "

Je tourne les talons, mais il me saisit le poignet.

Je lui jette un œil incrédule.

(Il a pourtant joué les ivrognes pour se dédouaner de tout ça, non… ?)

 

" P-Pourquoi ? "

" À ton avis ? "

" Qu'est-ce que j'en sais, moi ? "

 

" Tu fais un caprice. "

" Tu es juste trop saoul, pas vrai ? "

" Très bien, mettons que c'est un caprice. "

 

suite

Natsume, sous la lumière des néons, semble réfléchir.

Il ferme les yeux avant de les ouvrir à nouveau. 

" Je veux sentir que tu es vivante. "

" Mais qu'est-ce que tu dis… Vivante… ? "

" Ton souffle, ta chaleur, ta voix, tout. "

" Mais comment ça ? "

" Tu veux vraiment que je le dise ?

Réfléchis, enfin. "

" !!!

Attends… Heu, oh, heu… Heuuu…

Attends une seconde… "

" J'attendrai autant de temps que tu voudras, mais tu es vraiment si choquée que ça ?

Tu es trop mignonne, comme toujours. "

" … "

" Quoi ? Si tu veux quelque chose, dis-le. "

" Je déteste quand tu dis que je suis mignonne… "

" Et tu as aussi l'air de détester quand je dis que tes réactions sont drôles. "

" Hein… ? "

" Par exemple, celle où tu dis détester que je t'appelle mignonne. "

" Quoi !? "

" Ça se lit sur ton visage.

Tu fais toujours une drôle de tête.

Soit tu piques un fard, soit tu as l'air déprimée. "

" Et tu continues à m'embêter… Après avoir observé tout ça ? "

" Oui, tout à fait.

Tu ne t'attendais tout de même pas à autre chose de ma part, si ? "

" … "

" Je suis un sale type, pas vrai ? "

" En effet… "

" Dans ce cas… "

" Mais…

Malgré tout, je t'ai… "

 

" Je n'en dis pas plus. "

" … "

" Pourquoi ? "

" Parce que je ne veux pas.

Tu m'as déjà empêche de le dire une fois, Natsume,
alors je vais garder ça pour moi jusqu'à ce que tu me donnes la permission de te le dire. "

" … "

" Tu marques un point, Mlle Première de la classe. "

" Non, je ne suis qu'une étudiante têtue qui redouble. "

" Eh bé…

Je ne te savais pas comme ça. "

" Il y a encore beaucoup de choses que tu ne sais pas sur moi. "

" Mmmh, bien.

Dans ce cas, montre-moi tout ce que j'ignore, d'accord ? "

" L'accès est VIP, désolée. "

" Oh… tu es dure.

Je me demande combien de temps tu va tenir ? "

(Probablement moins d'une minute ?)

 

" Je peux dire le reste ? "

('Malgré tout, je t'aime'…)

Je finis ma phrase intérieurement, mais ne prononce pas les mots.

Ma bouche béate fait sourire Natsume.

" Malgré tout, tu m'ai… quoi ? "

" Je peux dire le reste ? "

" Ne me demande pas à moi ! "

" Il faut bien, non ?

Tu m'as déjà empêchée de le dire une fois, Natsume,
alors je vais garder ça pour moi jusqu'à ce que tu me donnes explicitement ta permission. "

En vérité, j'aimerais aussi détourner le regard.

Mon cœur bat si fort qu'il pourrait lâcher à tout moment.

Mais je ne quitte pas Natsume des yeux…

Sans doute parce que je sais comment va finir cette conversation.

Natsume aussi, et il me serre un peu plus fort.

" Ça ne te ressemble pas, Mlle Première de la classe. "

" Ah bon ?

Je dois avoir été influencée par un certain collègue très respecté. "

" Je ne suis pas un bon modèle. "

" Mets ta main sur ton cœur et répète-moi ça. "

Personnellement, je m'impressionne toute seule de le défier de la sorte.

Je veux prouver mes sentiments pour lui, je crois.

Il aura beau dire, mon amour pour lui…

Mon amour est ridiculement immuable.

Je l'avais presque oublié…

" Malheureusement, mes deux mains sont occupées. "

" Hein ? "

Ce type me surprend toujours.

Avant de continuer…

… il me tire par la taille et me couvre de baisers. 

Cette fois, ce sont de petits baisers délicats, comme des flocons de neige.

" Mes mains doivent te tenir contre moi, pas vrai ? "

" Tu dis ça comme si c'était une règle. "

" Hein ? Bah, on joue, non ? "

" Oh ? "

" Et notre élève modèle va capituler, on dirait. "

" P-Pas question.

Je ne finirai pas ma phrase, je préfère mourir. "

" Quelle rebelle ! "

" Je ne dirai rien tant que je n'aurai pas ta permission, Natsume. "

Son expression se fige.

Mais je ne lis ni gêne, ni frustration sur son visage, rien de négatif de la sorte.

Non, il a l'air de bien s'amuser, au contraire. 

" Depuis quand es-tu si coquine, toi ? "

" C'est peut-être toi qui m'a influencée ? "

" Hé, ne me mets pas ça sur le dos. "

" J'ai dit 'peut-être'… "

" … "

" Ne va pas t'imaginer que mon cœur sera toujours fixé sur toi. "

Va-t-il se moquer de mes efforts désespérés pour le provoquer ?

Ou… va-t-il s'énerver ?

" Je ne sais pas trop ce que tu cherches à faire… "

" … mais si tu penses pouvoir rentrer chez toi ce soir, tu te trompes. "

Et c'est moi la coquine ?

Il semble avoir lu dans mes pensées et m'adresse un sourire frivole et tendre à la fois.

(Je n'aurai jamais le dessus, c'est ça ?)

 

À suivre…